Le souminateur inconscient

1-PROLOGUE

J’ai longtemps hésité à rencontrer Sixtine. Trop intimidé, craignant de ne pas être « au niveau », j’ai préféré rencontrer une série de dominatrices parisiennes, trouvées sur les réseaux sociaux.

Mal m’en a pris. Après 20 ans d’expérience active, j’ai commencé à me lasser rapidement des séances bâclées, sans inspiration ou réelle authenticité, et surtout avec un manque de maîtrise technique sur certaines pratiques réellement frustrante.

Avec le temps, je me suis mis à écrire des « scénario » qui étaient en réalités de minis guides de formation. Comment sodomiser un soumis, comment faire un edging etc.. Cela a profité à certaines de mes partenaires de jeu qui ont rapidement pu étoffer leur clientèle d’addict, jusqu’à parfois recueillir une petite renommée hors des frontières nationales.

Mais je trouvais ces jeux trop prédictifs, je rédigeais les scénarios à la lettre. La technique avait beau être un peu meilleure, l’esprit n’était pas là, je terminais inlassablement triste et incomplet.

Mon métier consistant peu ou prou à classer et juger les compétences des gens, j’en suis arrivé par arrogance et déformation professionnelle à élaborer un système de classification des dominantes sur 3 niveaux. Comble de l’ironie, j’étais devenu un souminateur, et cela ne satisfaisait en rien mes pulsions insistantes.

J’étais en recherche. Je voulais rencontrer une personne de « niveau 3 », et cela n’arrivait pas.

Jusqu’à ce que je croise Sixtine, complètement hors normes, qui a soufflé tout ce système stupide ; elle est évidemment bien au-dessus. À coup de claques et de feedback cinglant, elle m’a remis les idées en place.

Bref, j’ai rencontré une véritable professionnelle, comme il y en a certainement peu, et j’ai vu la différence.

2-SEANCE

Madame modifie légèrement les horaires et je patiente dehors. D’habitude, je me serai lassé. Je me suis demandé pourquoi je restais à attendre. Et puis je me suis souvenu, Sixtine par écrit, dans sa manière de procéder, m’a semblé tellement au-dessus de mes dernières rencontres. Et plus qu’une session de domination, j’étais lassé de la compagnie de gens ordinaires, je crevais d’envie de croiser la route d’une personne extraordinaire.

J’arrive devant la porte. Proche d’un quartier et de commerces que j’affectionne, je me sens étrangement en sécurité. Je commence par croiser un regard, furtif, une forme mince, aiguisée, un pas rapide. « Viens ».

J’entre et j’ai du mal à soutenir le regard, immédiatement, je comprends que la personne en face de moi ne plaisante pas et maîtrise son sujet. Je commence à trembler, à être maladroit. Le ton est directif, je me sens pris en main. Je la sens supérieure, une personne qui prend immédiatement l’ascendant, clairement, sans hésitation. Et cela fait taire ma pensée. Ça fait du bien, autant que ça effraie.

J’ai eu du mal à faire mon lavement, je suis resté longtemps, j’aime les jeux sales, mais pas le scato, je me suis appliqué longuement.

En sortant, je n’avais aucune idée de ce à quoi m’attendre. Et c’est si rare. J’ai rempli le questionnaire de manière liminaire. Madame commence par me mettre une gifle et à m’expliquer ce qui lui a déplu dans mon approche. Je comprends progressivement. Elle me fait lire mon texte honteux, ce scénario cradingue que je lui ai écrit. Je pensais l’avoir choqué par mes pratiques, je lui avais déplu par mon arrogance et c’est cette arrogance qui m’empêchait de profiter pleinement des sessions, et finalement, de trouver ma vraie nature.

Madame est belle. Une beauté de porcelaine. Du mal à croire qu’une peau aussi laiteuse et des doigts aussi fins puissent s’introduire dans de tels orifices pour procéder à de telles explorations.

Fétichiste des doigts, des mains et des pieds, j’ai été gâté et frustré. Je ne sais pas faire de gorge profonde, mais je suis un peu moins mauvais aujourd’hui grâce à Madame. Je me sens violé de la bouche et j’aime ça. C’est violent, mais je me sens en sécurité. Elle a du contrôle tout en sachant aller suffisamment loin rapidement, que ce soit dans la gorge ou dans mon cul, que ce soit avec ses doigts, ses pieds ou ses jouets.

Ses pieds sont magnifiques et sentent bon. Je n’aime pas les odeurs, j’aime le fait que ce qui devrait être odorant ne l’est finalement pas ou si peu. J’apprécie cette perfection qui me semble irréelle. La forme des orteils en particulier. C’est rare un pied aussi beau, comme forgé par un artiste. Bref, cela faisait longtemps que je n’avais pas autant apprécié cette pratique.

Mon esprit s’est adapté, je lâche prise et me laisse aller. Je ne sais pourquoi mais je lui fais confiance. J’aime la profondeur que je perçois chez cette personne, une certaine mélancolie, une musique qui me fait danser dans la manière dont elle m’encule. Sa manière de cogner le gode comme s’il s’agissait d’un pieu à m’enfoncer est d’une élégance et d’une perversité folle. Je regrette que cette session ne soit pas l’objet de photo. J’ai l’impression de voir un grand fauve en action, majestueuse. Qui contraste avec ma position de ver de terre.

Je tente de m’échapper pour être moins profondément pénétré, évidemment, je n’y arrive pas. Le visage souillé de salive, je me sens comme une truie, ce que j’étais venu chercher. Ce n’était que le début.

3-PROSTATE et EDGING

Les deux pratiques dont je rêvais depuis si longtemps, avec quelqu’un qui sache s’y prendre. Madame sait jouer avec des jouets mais c’est avec ses mains qu’elle est la plus douée. Quelle maîtrise exceptionnelle. Ma prostate est découverte en quelques secondes, alors qu’elle reste inviolée ou hors d’atteinte si souvent.

Sensation d’une cloche qui sonne. Sexe qui mouille. J’ai honte, ça fait mal, mais ça fait du bien, comme on dit, je couine. Ma voix devient aigue.

Madame me fait chanter tant la sensation est intense, je m’oublie et oublie que j’ai ses doigts dans mon cul. Je ferme les yeux.

Paradoxalement, je ne souhaite pas éjaculer, ayant l’orgasme triste, la lucidité qui revient d’un coup, la honte est accrue dès que le foutre sort.

Je pensais la séance finie, et j’aurais été comblé. Mais le meilleur restait à venir.

Madame maîtrise sa voix, sa gestuelle, les baffes, les fessées, le fétichisme du pied, le pegging, la stimulation prostatique. Je m’estime déjà heureux et chanceux. À ce stade, il s’agit de la meilleure session connue durant les 5 dernières années.

Sa maîtrise du edging va faire basculer ce moment en meilleure session que j’ai connue de ma vie, 40 ans de vie avec ces pulsions.

C’est une pratique que j’ai souvent observée avec envie en vidéo sans jamais rencontrer personne capable de la réaliser avec un tel niveau de maîtrise, de versatilité, de polyvalence, en maintenant une conversation intéressante, et de l’endurance.

Transformé en vache à traire, les sensations sont trop intenses, je mords la serviette, tape des mains sur le sol, me tord sous la sensation du gland décalotté qui se fait triturer de manière savante, il n’a pas l’habitude, le plaisir et la douleur ne font qu’un, le cerveau sursature.

Je ne jouis pas, je suis quasi impossible à faire éjaculer avec autre chose que mes mains, mais madame s’en rapproche dangereusement. J’ai peur que ma lucidité revienne trop vite avec le foutre qui s’échappe. Cela tombe bien, madame décide d’utiliser ses ongles. Je choisis ce moment pour crier grâce, utiliser le safe word, et subir une claque monumentale sur la cuisse.

Mon dieu, ce que je l’aime, me dis-je, je ne dois pas devenir accroc. Même si le cerveau sécrète des hormones assez addictives au contact d’une personne capable de nous faire éprouver de telles sensations.

Je me sens comblé. C’est si rare de terminer une séance ainsi. Elle opère telle une chirurgienne. La meilleure spécialiste que j’ai croisée. Je pense qu’elle peut aller beaucoup plus loin. Je me demande si je serai capable de la suivre.

Le à présent conscient